Je pense ne pas être le seul, en disant qu’une fois tous les x-temps dans le milieu socioculturel, événementiel ou de l’entrepreneuriat social tu te demandes : pourquoi suis-je en train de mettre toute mon énergie dans un projet collaboratif quand personnes ne collabore vraiment. Est-ce que je n’arrête pas tout pour faire mon truc dans mon coin, sans les autres, car la seule personne sur qui je peux conter c’est moi ? Une logique peu constructive mais tellement facile qu’elle nous éloigne du vrai problème : pourquoi n’apprenons nous pas la culture de la collaboration à partir du plus jeune âge ?
Nous l’entendons partout : nous sommes dans une période transitionnelle, qu’elle soit positive (émergence d’économie collaborative, renouveau des modèles low-tech, création d’outils numériques de gestion décentralisée, …) ou négative (émergence d’organisations extrémistes, renouveau des partis populiste-fasciste, création de tactiques numérique de propagande,…) nous voyons que l’importance de se retrouver sous un arbre de valeur est d’une grande importance en ce moment. Les outils sont légions : Trello pour les fanas de post-it digital en mode collaboration, Slack comme forum organique et le saint graal de la collaboration décentralisés : Github. Tous ont une armée de fans, mais tous ont le même problème : si il n’y a pas une base de valeurs collaboratives sur quoi travailler, ces outils restent un beau décor. C’est comme donner des outils de permaculture à un fermier industriel : si il ne voit pas que les valeurs partagées sont un atout majeur, il restera avec ces méthodes classiques.
La Culture de la collaboration
Comme n’importe quelle autre idée sociétale, elle devient omniprésente quand elle est vue comme une partie de notre ‘culture’. Mais aucune idée n’a fait partie de la société sans avoir été confectionnée d’une manière ou d’autre. Un premier pas pour aller vers cette ‘Culture de la collaboration’ est de voir l’information comme un bateau qui doit arriver à bon port. Ca ne sert à rien de tenir l’information pour soi, partage la avec la bonne personne, passe les bonnes idées comme si c’était un plateau de charcuterie à une soirée raclette. Chaque personne prendra bien soin de choisir l’info qui lui convient le plus.
Car une information qui véhicule librement aide à améliorer le deuxième point : Ne perdez plus d’énergie à réinventer la roue mais essayer de contribuer avec des projets déjà existant. C’est en ajoutant de nouvelles grilles de lectures, en rentrant dans un projet avec un autre angle ou d’autres informations qu’on apprend beaucoup. Rester dans son enclos n’aide personne, même si le réflexe protectionniste se comprend : vous voulez contrôler votre idée contre un opportunisme qui pourrait se cacher derrière chaque recoin. Mais si nous acceptions, comme c’est déjà le cas dans les recherches universitaires, d’avoir un système de mentions générales pour la collaboration de projet, nous devrions avoir moins peur de cet opportunisme.
Recréer la membrane de confiance
Car voilà, le grand problème qui se cache derrière cette peur innécessaire de la protection d’information: on à perdu notre membrane de confiance entre humain. Tout dans notre entourage nous dit de se méfier de l’autre. Car comme disait ce bon vieux Sartre: L’enfer c’est les autres. Mais si nous relisons la théorie du Darwinisme social nous voyons que c’est notre aptitude à collaborer qui à fait que nous avons survécu aux animaux dix fois plus grand que nous, aux périodes glaciaire et aux famines.
Pour recréer cette membrane de confiance nous ne devons pas croire dans ‘les grand mouvements’, car comme les grandes histoires, elles sont mortes avant d’entrer dans la période post Moderne. Soyons comme Enspiral, un réseaux de petit groupes. Créons des petits faits, pour réapprendre à se faire confiance. On ne doit pas décrocher la lune, mais simplement savoir aider son voisin. La petite pierre que j’apporte à cet édifice est de prendre le café chaque matin avec quelqu’un d’autre, d’écouter son histoire et de voir ou je peut faire du lien.
L’ego doit donner place à l’idée
Dans notre société contemporaine nous donnons encore et toujours trop de place à l’ego, qui l’emporte souvent en discussion de l’idée. Mais voilà si nous voulons vraiment créer une culture de la collaboration nous devons mettre en place des freins à l’ego. De pouvoir être fier de l’ajout qu’on a donné à une idée. Ne plus voir la collaboration comme une simple économie du (mauvais) couple, ou chacun donne et qu’on fait les comptes quand ça ne va pas, mais se focaliser sur l’idée et les valeurs véhiculées en commun.
Pour ça la collaboration doit se faire par les faits et non par les mots. Trop souvent la réunion précède la participation, mais c’est en faisant qu’on apprend plus de la personne, que chaque personne est mise à nue. Une expression inventée par Nicolas de OpenFab trouve ici parfait écho: nous devons créer l’atome de FAIRE.
Un prochain pas pourrait être de redonner dans notre éducation collective une vraie place à la collaboration. Pas de travail- en groupe forcé qui mal organisé nous prouve que l’enfer c’est vraiment les autres, mais une culture de la collaboration ancré dans le système d’éducation général.
Si vous avez des ressources la-dessus je suis preneur.
Howard Rheingold | Who Said Collaboration Wasn’t Sustainable
Jason Louv |The Next Buddha Will Be a Collective
Daniel Christian Wahl | Collaboration and empathy as evolutionary success stories