En 2012, l’élection présidentielle française a été un véritable laboratoire de nouvelles pratiques politiques. Datajournalisme et fact-checking pour explorer de façon critique le discours des politiques, infographie pour diffuser les argumentaires et la riposte politiques sous une forme nouvelle, plateforme online de mobilisation in real life : autant de nouveautés qui relancent l’intérêt pour la politique.
L’élection de 2007, avait consacré l’entrée du numérique dans la campagne politique. En 2012, si Internet n’a évidemment pas “fait” l’élection en raison de la fracture numérique qui touche certaines populations et régions et du poids des médias traditionnels, Internet a pris la forme d’un vecteur de mobilisation. Résumons ici l’action de l’équipe de campagne de François Hollande, le candidat élu du parti socialiste à l’élection présidentielle française.
Pour l’équipe de campagne de François Hollande, une des grandes innovations aura été de s’inspirer des méthodes d’Obama 2007 afin de lier Internet à la mobilisation réelle. Ainsi, Internet n’est plus considéré comme un environnement fermé sur lui-même. Bien au contraire, Internet a constitué durant cette campagne un espace de mobilisation permettant d’organiser des équipes chargées de conduire des actions de porte-à-porte. Avec ce mode d’organisation, 5 millions de portes ont été frappées en ciblant les quartiers abstentionnistes et populaires, véritables viviers de bulletins pour le candidat du Parti socialiste.
Concrétement, le QG de campagne de François Hollande s’est fixé l’objectif de former 150 000 volontaires. Dans chaque région, des formateurs ont été envoyés depuis le QG de campagne afin de formes de mobilisateurs qui, eux-mêmes, ont formés localement plusieurs milliers de volontaires. Internet a ainsi été le lieu d’organisation de cette stratégie géographiquement ciblée sur les quartiers populaires et abstentionnistes, tout en rationalisant l’organisation du porte-à-porte. La plateforme a ainsi été le lieu pour constituer des équipes, envoyer les rapports de porte-à-porte et diffuser online des argumentaires.
Pour la campagne de François Hollande, cette mobilisation online au travers d’une plateforme dédiée (TousHollande.fr, qui a depuis fermé avec la victoire du candidat) a été un vecteur d’influence pour récupérer le vote d’électeurs potentiellement abstentionnistes.