MakeStorming 2017 (fr)

Je ne suis pas de la génération Y, je ne suis pas vraiment encore un vieux de la vieille quoi que…

Je ne suis ni scientifique, ni sociologue mais j’observe le monde tel qu’il est et dès que c’est possible, j’essaye d’en être acteur.

Je ne suis pas vraiment spécialiste dans un domaine particulier. Tout au plus un bon généraliste. Ce que je fais bien c’est mettre en contact, créer du lien, amener de la bienveillance sur les environnements dans lesquels je viens essayer de créer de la valeur. Certain dirait que j’amène de la résilience.

Il n’y a pas si longtemps, j’ai du réfléchir à ce que je mettrais sur ma carte de visite. J’y ai finalement associé 2 idées et j’ai écrit lean & stereo entrepreneur/facilitateur. En effet, après avoir bourlingué déjà depuis quasiment 10 ans dans un secteur qui était l’économie sociale, qui est devenu l’entreprenariat social et qui ne cesse de s’hybrider pour répondre à la demande de marchés qui n’intéressent pas le privé, qui ne sont pas assez gros pour le public. Un 1/3 secteurs qui a souvent une origine grassroot.

Le témoignage que j’aimerais apporter est celui de ces acteurs de première ligne pour qui le monde tel qu’il est sont tant d’opportunité de se réaliser en tant qu’individu et qui cherchent aujourd’hui humblement à être acteur de changement d’un temps où tout s’accélère.

Les valeurs que je porte et que j’ai essayé de synthétiser dans l’énoncé d’une fonction sur une carte de visite sont celles d’acteurs agiles. Lean signifie que l’on passe par des itérations avant d’inventer un plan très complet et de se projeter dans l’établissement de toute une stratégie. La notion de stéréo revient pas mal à la mode avec toutes les avancées faites dans le monde de la captation 3D. La Réalité Virtuelle (la VR) comporte pas mal de facettes dont la stéréoscopie existe depuis la création de l’ère cinématographique.

Pour en revenir au sujet Change Care, j’avais toujours eu le sentiment d’être capable de faire bouger des choses dans ma réalité. Le challenge était de voir si je pouvais changer d’échelle et amener ce changement à une plus large mesure dans mon environnement. Il y a une bonne année maintenant les choses se sont mises en place et j’ai pu me libérer de la contrainte de travailler pour un projet,  pour un boss, ou pour une structure. Je travaille aujourd’hui à trouver des projets dans lesquels je trouve des leviers pour valider des hypothèses tout en apportant de la valeur intrinsèque aux porteurs de ces projets.

Mon approche est assez simple, les hypothèses que je souhaite valider sont toujours plus ou moins du même ordre. En tant que citoyen et acteur de terrain, suis-je capable de décrire et d’amorcer suffisamment un projet pour en faire un sujet lisible pour un environnement qui se situerait à la croisée des 3 secteurs que sont: le Secteur Privé (SP), les Pouvoirs Publics et le Monde Philanthropique (MP)

Aujourd’hui ce que je pensais possible, ce dont j’ai longtemps cherché à me libérer: “la contrainte de faire pour”, me semble accessible et j’aimerais que d’autres puisse trouver cet espace d’expression. Je travaille à rendre cet état de fait et cet état d’esprit visible chaque jour. Aujourd’hui je peux faire avec, je peux choisir les missions dans lequel je souhaite investir du temps et surtout j’ai trouvé un équilibre, certes fragile, mais qui me permet de me dire que tout mon temps, je le concentre à faire le Monde tel que je l’imagine.

Je ne vous raconte pas l’histoire d’un gars qui quitte son boulot parce qu’il est en burn out ou bien le parcours d’un type qui n’en peut plus de sa vie dans le secteur privé. Je ne vais pas non plus narrer l’histoire d’un travailleur social épuisé par une logique institutionnelle et administrative pesante. Qui, jours après jours, limite et anéanti la capacité d’actions possibles d’acteur de première ligne, fatigués de résoudre les problèmes du quotidien tout en luttant pour faire reconnaitre l’essence même de l’action sociale. Faire sens.

Il s’agit ici de livrer le  témoignage d’un d’entre deux, d’un acteur capable de passer d’un coté à l’autre du miroir. De passer du privé au public juste pour donner sens à sa quête.

L’expérience de travail et la séquence professionnelle que j’aimerais partager prend place à l’époque où je travaillais chez un courtier spécialisé en assurance construction. J’y gérais les dossiers clients. Nous travaillions dans un régime de 40 heures par semaine et j’avais donc droit à un jour de congé supplémentaire par mois. Ce qui m’en faisait 12 au total sur l’année.

Ce boulot de courtier était clairement en dehors de ma zone de réflexion mais permettait une vrai stabilité et une bascule vers le secteur privé qui allait affirmer une capacité à faire ce switch associatif/privé que je trouve intéressant dans mon profil.

12 jours donc soit à prendre en congés, soit à investir dans quelque chose qui faisait du sens. J’ai donc eu l’opportunité de participer à la première édition en Belgique du Programme Impact de Ashoka (www.belgium.ashoka.org/programme-impact). Je suis devenu coach d’un projet qui était déjà présent en France, en Espagne en Irlande. Le Groupe Associatif Siel Bleu (www.sielbleu.org) est une organisation qui propose de l’Activité Physique Adaptée (APA) aux seniors. Et le projet que j’accompagnais s’appelait Gymsana (www.gymsana.be) en Belgique.

Nous avons eu la chance d’être lauréat du Programme Impact en 2013. L’enjeu du programme était de faire changer d’échelle les 12 projets inscrits au travers d’un programme de 3 mois.

Ma mission était vraiment axée sur la mise en place de process de travail visant à fluidifier l’activité sur le territoire belge. Le modèle était un copié/collé du mode de développement pratiqué en France par les intervenant en APA. Au niveau de l’encadrement des activités, Siel Bleu disposait d’un matériel pédagogique et de formation très riche qui était mis à notre disposition. Par contre la difficulté en Belgique venait des sources plurielles de financements et de la complexité à les articuler dans un budget cohérent sur les 3 régions du pays.

Siel Bleu s’est fait remarqué et est devenu Fellow d’Ashoka grâce à sa capacité à proposer une mesure de l’impact des activités que les intervenants proposaient. Je découvrais la notation de Social Return On Investment (SROI) et la capacité motrice et d’inspiration des Fellow, sorte d’ambassadeurs du changement capable de storyteller leur histoire et de provoquer l’adhésion des parties prenantes du projet. Cette validation scientifique a très tôt été le point fort de Siel Bleu et les APA on très vite convaincu les instances européennes ainsi que le commissaire français Michel Barnier. Le Groupe a connu une forte croissance et a, petit a petit, acquis le respect grâce à sa capacité de proposer une alternative en terme de rupture avec les standards actuels de prise en charge des personnes âgées. Principalement pour la maladie d’Alzheimer et de Parkinson. Mais également pour les diabètes de type 2.

Dans mon parcours plutôt riche, j’ai appris aux Petits Riens (www.petitsriens.be), un asbl belge qui lutte contre la pauvreté et l’exclusion qu’on pouvait revaloriser la seconde main pour créer de l’activité économique et financer des actions sociales. Chez Gymsana, j’ai mieux compris comment on construisait un discours et des outils pour impacter un secteur et proposer des solutions innovantes et disruptives par rapport aux standards existants.

Durant la phase de transition qui s’installe et qui aura pour horizon une période de 20-30 ans, j’aurai eu l’occasion d’assister, je le pense, à la mutation d’un monde associatif partant d’initiatives locales grassroot, vers des entreprises d’insertion à la recherche d’un modèle de financement le moins dépendant des pouvoirs publics, l’économie sociale. J’ai ensuite vu ce secteur évoluer lorsque sont apparus des entrepreneurs sociaux qu’on appelle aujourd’hui des ChangeMakers. Ils sont capables de mesurer l’impact des efforts qu’ils produisent sur les sujets auxquels ils s’intéressent avec des propositions de valeur toujours plus innovantes. Et aujourd’hui je suis impliqué dans un mouvement qui sera peut être un Makestorming en 2017 au sein d’un Réseau Bruxellois de FabLabs (RBF) qui pense pouvoir se réapproprier des capacités de changements à l’aide de l’assistance numérique qu’elle soit Soft ou Hardware. L’OpenSource nourrit l’espoir de voir les individus s’associer pour FAIRE. Faire communauté, faire sens, faire savoir, savoir faire.

Si un changement de paradigme est possible c’est parce que des individus se sont mis en chemin. Cette transition est rendue plus fluide aujourd’hui grâce à l’information distribuée et à des initiatives qui tendent à libérer l’innovation pour Le Commun. Les licences propriétaires qui créaient jusqu’ici de la valeur non pas pour le bien commun mais principalement pour l’intérêt privé volent en éclat. Aujourd’hui une génération s’organise, fait mouvement afin de rendre possible la création de biens communs entre pairs. Michel Bauwens, un belge, peut certainement être reconnu comme un théoricien de ce mouvement d’émancipation du modèle actuel. Et les FabLabs comme les BioHackerspace et autres tiers-lieux sont surement les lieux où les Makers accèdent aux outils capables de faire bouger les lignes.

Cette histoire est disponible aussi en anglais.