Un philosophe a-t-il son mot à dire sur l'Open Government?

Il me semble que oui, non parce qu’il est un philosophe et que la philosophie s’est partout et toujours intéressé à l’art de gouverner, mais parce que d’abord celui qui fait acte de philosophie est un membre de la communauté. La philosophie est un métier à l’équivalent de celui de cordonnier et le philosophe apporte dans le gouvernement son savoir-faire de philosophe comme il apporterait son savoir-faire de cordonnier s’il en était un.

Donc cela comme bien par “We, The People”. Je ne sais si dans le texte originel il y a des majuscules mais, les mettant ici, je veux noter combien dès l’abord, pour penser le Gouvernement Ouvert, c’est Le Peuple qui est appelé. Et non les spécialistes. Rappelons qu’un grand pas a été dans nombre d’hôpitaux le jour où leurs clients sont devenus les co-concepteurs, les co-gestionnaires de ces entités. Il est fini le temps pour chacun de croire que ses compétences, son métier, sa technique, lui donnent un droit de supériorité sur les autres ou lui imposent un devoir d’infériorité. Par contre chacun est appelé à mettre au service de la communauté ses compétences, ses techniques.

Je dirais que chacun est appelé à faire ainsi parce que nous ne savons pas ce qu’est un Gouvernement Ouvert, un Open Government. Bien sûr, nous pouvons chacun convoquer des exemples de communautés plus ou moins importantes pratiquant ou ayant pratiqué ce qui nous semble être un Gouvernement Ouvert. Il sufit de se rappeler des assemblées dans les pays nordiques, ou des premières églises chrétiennes, des premières communautés musulmanes. Et d’autres. Ces communautés peuvent nous servir de modèles, comme on peut le dire des exemples de variété, mais nous savons que ce n’est pas cela que nous voulons atteindre.

Ce n’est pas cela car d’abord l’Open Government s’adresse à des millions de gens et ces millions de gens veulent s’entendre et se gouverner, c’est-à-dire trouver des solutions, des façons de faire qui leur conviennent. Donc personne ne peut venir là en disant qu’il a la solution, qu’il sait y faire, etc. Donc nous n’avons comme solution que d’affirmer que c’est l’ensemble des connaissances de chacun, connaissances apportées par l’expérience, le métier de chacun, qui peut nous permettre de construire l’OpenGov ou des exemples différenciés de celui-ci.

Le problème est systémique, donc nous aurons des exemples différents d’OpenGov, il ne peut en être autrement. En effet les connaissances des uns et des autres, les désirs, volontés, besoins de chacun étant suffisamment différenciés, il n’est pas possible de les faire tenir ensemble dans un seul modèle d’OpenGov. La complexité systémique de ce modèle serait telle que personne ne serait capable d’éviter qu’il se détruise. Il vaut mieux donc des exemples d’OpenGov articulés les uns aux autres. Ces exemples seront plus stable et les articulations peuvent se faire, se défaire, se recomposer sans les mettre en cause. Chacun nous serons probablement conduit à exister dans plusieurs de ces exemples du fait de leur intrication, de nos besoins, lieux d’existence, etc.

Une fois dit cela qui est de la technique philosophique, philosophie des Systèmes d’un côté et apport de mes travaux sur le modèle Scène esthétique/Scène politique, qu’est-ce que je peux apporter de ma technique philosophique dans l’OpenGov.

Je peux apporter la modélisation non-standard. Quel est la finalité de cette technique? Elle permet de concevoir des “objets” qui n’existent pas en utilisant des connaissances de qualité, les meilleures possibles au lieu de “patch”, brindilles de connaissances surannées qu’on apporte en disant “bof, de toute façon ça ira bien!”.

Le cordonnier peut apporter ses connaissances de fabrication d’une chaussure, de la conception d’une chaussure ou ses connaissances de réparation. Vous me demandez en quoi ces connaissances sont utiles pour gouverner? Je répondrais que la communauté est pleine de cordonniers qui gouverne leur métier, leur magasin, qui savent découper et assembler, faire tenir ensemble des morceaux de cuir ou d’autres matériaux, pour que nous puissions marcher sans nous blesser les pieds. Gouverner s’est aussi faire tenir ensemble des morceaux, faire en sorte que cela prenne forme et que la communauté puisse exister sans se blesser dans on existence.

Dans la modélisation non-standard les connaissances de chacun ont la même dignité. Elles se valent même si la durée de leur efficacité n’est pas la même, même si les domaines dans lesquels ces connaissances peuvent exercer leur efficacité n’ont pas la même étendue. Et elles peuvent participer conjointement pour concevoir l’OpenGov, le faire exister, faire exister ses exemples.

Je propose qu’à chaque fois que nous discutons d’OpenGov, qu’à chaque fois que nous voulons mettre en place du Gouvernement Ouvert, nous commencions par déclarer, “Voici mon métier et tout ce que je vais vous dire, tout ce que je vais apporter, ce sont des connaissances de mon métier. Et j’espère apporter les plus valables, les plus récentes possibles, celles qui sont de la meilleur des qualités”.

Bon, voilà Albert, Lyne, Marc, John et vous tous autres dont je n’ai pas cité les prénoms, mon début de contribution avec ma technique, mes connaissances philosophiques.

Dignité

Superbe rapport de mission! Merci beaucoup, Michel.

Dignité, c’est la première fois que j’entends quelqu’un parler de dignité, en lien avec le gouvernement ouvert.

Suffisance, nonchalance, arrogance des décideurs. Y EN A MARRE! Quand je les écoute parler - les politiciens - je me couvre souvent la bouche avec ma main, pour ne pas crier. Pour ne pas hurler d’horreur. S’entendent-ils seulement parler? Je suis souvent les périodes de questions des membres du parlement. C’est assez effarant par moment.

Réalisant que ces attitudes ne cadrent pas vraiment avec le nouveau modèle de gestion publique que devrait être le gouvernement ouvert - où il est question notamment de collaboration - j’ai essayé d’imaginer toute sorte de stratagèmes, pour aider les dirigeants à modifier leurs pensées, et par conséquent leurs paroles et leurs comportements.

Parfois je pousse la créativité jusqu’aux extrêmes (il faut bien s’amuser un peu de temps à autre, quoi). J’ai même été jusqu’à proposer comme originale solution pratico-pratique: un stage intensif de changement d’attitude. Cela consistait, après un séminaire de quelques jours expliquant les principes du gouvernement ouvert, en une équipe de gens déployée sur le terrain, et mandatée pour une période de 2-3 semaines, pour suive du matin au soir les plus hauts dirigeants du gouvernement avec un discret carton rouge, dans tout ce qu’ils disent et dans tout ce qu’ils font. Le groupe de gens en question se planterait devant un haut dirigeant, et agiterait discrètement son carton devant les yeux du dirigeant, lorsqu’il/elle débiterait des propos nonchalants ou arrogants, qui pourraient être perçus comme incompatibles avec les principes du gouvernement ouvert. Un peu comme dans une vente aux enchères. On lève son carton! Au lieu signifier, ‘Je suis preneur’, cela voudrait plutôt indiquer, ‘Change de registre’. Quel dommage… je trouve déplorable que ma superbe proposition de stage intensif n’ait pas été retenue!

En dehors de virer tout le monde, il doit y avoir d’autres moyens de faire prendre conscience les dirigeants de leur état de ‘verrouillage’. Mais quels sont-ils?

En fait, cela fait des mois que je me documente sur ce qu’est le gouvernement ouvert. Mais je n’arrive pas à m’imaginer, non, je n’arrive pas à visualiser ne serait-ce qu’une seule seconde dans ma tête, comment nous pourrions passer vers un gouvernement ouvert, avec les discours actuels et attitudes des politiciens et des gestionnaires gouvernementaux. C’est-à-dire, avec leurs pensées actuelles et leurs comportements.

Il n’y a pas si longtemps, j’ai téléphoné à un gestionnaire gouvernemental pour lui demander comment entrer en contact avec un haut dirigeant d’une organisation internationale. Je téléphonais pour lui demander s’il pouvait mettre son réseau à contribution (c’est-à-dire, que je lui faisais une demande de collaboration). Il m’a répondu, ‘Allez voir sur leur site Internet, leur numéro de téléphone y est inscrit’. Aie, c’est-tu assez songé, comme réponse?! Je suis devenue rouge cramoisie d’émotions. J’étais vraiment insultée. Le ton sec et bête m’a poussée à raccrocher sans plus tarder. À quoi bon tenter de discuter avec ça? Prendre les citoyens pour des imbéciles, des 2 watts, cela n’arrange pas les choses, pour voguer vers la ‘collaboration’ d’un gouvernement ouvert.

Il a fallu que je me batte dernièrement avec des gestionnaires gouvernementaux, pour leur expliquer ce qu’est le concept d’égal à égal. J’ai dû transmettre de longues lettres, étoffées de nombreux exemples, où des citoyens (blogueurs) étaient invités par des gouvernements et traités en égaux avec les journalistes, chefs de l’armée et ministres (encore là, je demandais leur ‘collaboration’). Finalement, mes longues lettres m’ont donné droit de m’assoir à la droite du membre élu du parlement. Sans toutefois avoir recours à l’usage de la parole. Il m’aurait fallu rédiger d’autres lettres regorgeant d’argumentaire pour gagner ce privilège. Mais je manquais de temps, et surtout, Y EN A MARRE !!! Combien de lettres faut-il donc écrire, pour avoir droit à un petit bout de quelque chose? J’étais contente d’être là, mais je trouvais ma situation assez cocasse, vu les efforts déployés pour me retrouver sur la chaise en question. Cela gâche considérablement le plaisir de ‘collaborer’. En plus d’appliquer beaucoup de stress chez les deux parties.

Ce n’est pas cela, pour moi, une relation harmonieuse. Non, ce n’est pas du tout ainsi que j’entrevois la ‘collaboration’. L’ambiance devrait être toute autre.

Par conséquent, la dignité, il s’agit d’un idéal à atteindre, mais je considère que cela relève quasiment de l’utopie, pour le moment. Nous sommes très loin d’un gouvernement ouvert.

D’autre part, les belles envolées lyriques à propos des nouvelles technologies me mettent franchement de mauvaise humeur. Cela devrait aller beaucoup plus loin qu’une plateforme, ou qu’un portail de données ouvertes. Je pense qu’il s’agit d’une philosophie. Par conséquent, je considère que cela devrait s’étendre jusque dans les PENSÉES des dirigeants et des gestionnaires. Sans doute que je rêve en couleurs…

Personne ne sait ce qu’est vraiment le gouvernement ouvert. Il est bon de nous le rappeler.

Nous commençons à savoir ce dont nous ne voulons plus. C’est un bon départ. Comment faire pour s’en débarasser? Alors là!

Pouvoir et dignité

J’ai remarqué Lyne que le goût du pouvoir est partagé par tous les humains comme le goût du sang est partagé par tous les tigres. Pourtant, des moines bouddhistes ont fait le pari que l’on peut élever des tigres, les faire vivre en bonne santé, en ne leur donnant pas l’habitude de se nourrir de viande mais de riz et de légumes. Si nous nous nourrissons chaque humain avec du pouvoir il n’est pas étonnant qu’adultes ils aient tous le goût immodéré du pouvoir, quel que soit l’endroit où ils se trouvent, quel que soit le métier exercé. Il existe autant de cordonniers avides de pouvoir que de philosophes qui ont cette même passion.

On dit que le pouvoir devient vain lorsque personne n’accepte d’y répondre. Mais chacun espère bien en obtenir un peu et donc est prêt à se soumettre à un pouvoir plus grand.

Mais il doit être possible d’éduquer quiconque à préférer au pouvoir la concertation, la contribution collective, le désir de chacun à résoudre les problèmes que l’existence individuelle ou en groupe génère. Je lisais que l’actuel Président de la République tunisienne avait proposé la création d’une Cours internationale constitutionnelle permettant aux opposants de n’importe quel pays de déposer plainte lorsqu’une constitution nie la liberté de chacun, apporte des mesures iniques, etc. Rien n’empêche que nous posions des principes analogues tant pour la gestion des cités, des entreprises que des Etats.

Le pouvoir est toujours la manifestation d’une impuissance, l’impuissance à faire vivre les gens ensemble pour une finalité, l’impuissance à orienter leur travail si nécessaire, l’impuissance à supporter la liberté d’autrui, l’impuissance à ne pas posséder. Les guerres ont montré que là où rège le pouvoir le danger pour chacun est partout. Là où règne la concertation, la confiance, même lorsque les risques sont grands, le danger diminue parce que chacun prend soin des autres, chacun peut proposer ses connaissances pour le bien commun.

J’ai été scandalisé de me rendre compte que dans de nombreuses écoles, grandes ou petites, générales ou professionnelles, l’étudiant était encouragé à avoir le goût du pouvoir, à tirer du pouvoir de ses connaissances, de ses réalisations, plutôt que la seule satisfaction de bien faire, de bien comprendre.

Mais le goût du pouvoir est aussi d’autant plus présent que l’incertitude du devenir est grande. Chacun alors a peur de perdre sa place, ses moyens d’existence, et pense qu’en prenant le pouvoir là où il est il se protège et protège sa famille.

C’est systémique imbécile puisque ce comportement détruit la cohésion, mais à court terme rentable. Ne constatons-nous pas en effet que, parallèlement à ceux qui détiennent du pouvoir, semble exister d’aussi nombreux voleurs qui leur prendraient la place de manière opportune.

Donc, de la sécurité ou de la confiance doivent être garanties à ceux qui accepteraient de laisser le pouvoir pour coopérer. Des formes de récompense pourraient aussi être instaurées. …

Il semble bien que l’OpGov ne peut exister sans une relation dialogique au pouvoir. …

J’espère que d’autres vont venir discuter avec nous Lyne.

Join the discussion

Hello Lynn and Michel,

You are not alone in your feelings about power – Billions of people feel the same way, but do not yet see a clear path to ending it.

Edgeryders can be about more than youth finding their way, because youth finding their way can be about more than getting people to include youth in the economy instead of putting up barricades, and creating unity among youth.

This can really be about how we as humanity come together and sort it all out. Unity being shared tools and parallel intentions for transformation among humans, and with all our relations (in nature); Diversity being harmonizing with each eco-region, ecosystem, and culture on Earth, community by community. The result is an infinite number of rainbows of meaning and collaboration, each clear, supported, and modeled in our digital noosphere, in the full progression of scales from a single hunter-gatherer / farmer / steward in an ecosystem to planet-wide.

I just was led to Edgeryders, and with its institutional foundation, it has an opportunity to be designed to support the global profusion of parallel thought. Doing this will require leading with friendship and support, and each time negotiating / discovering a relationship that encourages the founders of allying efforts to succeed in their own quests, as well as making a permanent contribution to the Whole.

Blessings,

Mark Roest

Hello Mark

I agree for "Doing

Hello Mark

I agree for “Doing this will require leading with friendship and support, and each time negotiating / discovering a relationship that encourages the founders of allying efforts to succeed in their own quests, as well as making a permanent contribution to the Whole.”

Il faut s’attendre à ce que chaque eco-système, chaque Scène de l’OpGov, apparaisse comme différente des autres. Je pense qu’une des façons de donner envie qu’il en soit ainsi et de faire en sorte que les membres de ces Scènes génèrent de nouvelles connaissances sociales, scientifiques, partageables.

j’ai été supris de voir que des chercheurs anglais comme Claudia Megele ou français comme Hakim El Karoui, sont des partisans de la construction des Etats par le biais de la diversité des Scènes plutôt que par l’uniformisation ancienne qui se traduisait (et qui se traduit encore) par “Un Seul dieu”, “Une Seule idéologie”, etc. Par “idéologie” je veux dire un “système d’idées”.

De toute façon c’est ainsi que se font les sciences contemporaines. On construit l’objet à étudier en apportant des connaissances, les plus nouvelles possibles, de la plus grande qualité possible, mais venant de différents domaines sans que ces domaines de connaissances disparaissent. Et l’on voit apparaitre de nouveaux domaines résultats d’hybridation.

Ce qui fonctionne pour la connaissance du Réel, pour quelle raison cela ne pourrait fonctionner pour la connaissance humain etleur vie en commun. Nous sommes bien une part du Réel, n’est-ce pas?

J’ai écrit en français parce qu’il me semble Mark que vous le comprenez, je peux écrire cela en anglais pour vous ou Alberto ou Marc ou John (avec l’aide de Lyne peut-être).

Amicalement

Côté sombre du leadership et soi séparé

Le côté sombre du leadership me dérange considérablement. Cela m’empêche de concevoir qu’il soit possible d’instaurer un gouvernement ouvert qui soit autre chose qu’une coquille vide dénudée de sens. Les citoyens ne sont pas dupes. Ils savent d’emblée reconnaître lesquels parmi les leaders ont un style de leadership négatif.

Le leadership négatif est apparemment un domaine relativement nouveau de recherche. La supervision abusive n’est pas quelque chose qui se discute beaucoup. Il s’agit du côté obscur d’une carrière professionnelle. Violence et l’intimidation peuvent demeurer un honteux secret embouteillé, parce que les dirigeants détiennent toutes les cartes - ils ont la main mise sur le contrôle de l’avancement au travail et la sécurité d’emploi.

Les gouvernements et les entreprises auraient besoin de savoir en quoi consiste un leadership positif, comment le mesurer, chez quels décideurs cela laisse à désirer, et quelle sont les meilleures façons de le développer. Étant donné les dégâts que peuvent causer des mauvais dirigeants, il est dans l’intérêt des gouvernements et des entreprises d’identifier quels sont les gestionnaires qui ont ce style de leadership, et mettre un frein à leur progression.

Michel, tu soulève le fait que nous sommes une part du Réel.

Comprendre cela, à mon avis, permettrait de progresser vers une transformation organisationnelle.

Je constate qu’ici, deux fils de discussion, celui-ci portant sur le gouvernement ouvert, et un autre portant sur ‘Les hommes et la civilisation’ (http://edgeryders.ppa.coe.int/shine-some-light/mission_case/des-hommes-et-de-notre-civilisation) se fondent l’un dans l’autre.

Le côté sombre du leadership survient en alimentant l’idée du soi séparé. Les leaders demeurent emprisonnés dans un certain niveau de développement, qui pourrait être appelé le niveau égocentrique ou fixé sur l’ego, et dans lequel le sens d’une existence séparée régit complètement ce qui est expérimenté.

La compréhension que chacun est une part du Réel s’opère par la transformation du soi, c’est-à-dire, un mouvement du soi séparé vers un état beaucoup moins égocentrique, en contact plus profond avec les autres et avec tout ce qui existe dans ce monde. Cet état est désigné comme un «état physique de conscience», ou «éveil» (ou Kundalini).

Ce qu’il faut réaliser est que le mouvement vers un soi plus grand ne s’obtient pas complètement par des efforts personnels, contrairement aux stratégies habituellement déployées par le soi séparé. Il y a pour sûr un effort significatif à faire. Mais à un moment donné, cela ne relève plus uniquement de l’individu.

La véritable transformation consiste en l’activité d’une intelligence plus profonde. Cette intelligence est accessible à tous. Il s’agit d’une énergie dormante, qu’il est possible d’extirper de son sommeil. Par conséquent, il ne suffit plus d’essayer de changer le soi, mais plutôt de comprendre comment nous fuyons nos profondeurs.

La transformation du soi se déroule d’elle-même à partir de ce que nous sommes déjà, alors que nous comprenons progressivement les mécanismes et stratégies par lesquels nous continuons à éviter la relation aux profondeurs. Lorsque cesse l’alimentation de l’énergie à ces différentes stratégies, ce qui s’ensuit émerge du ressort de l’intelligence. Tout comme il n’y a pas d’effort conscient pour passer du foetus à l’enfantement, et de l’enfantement à l’enfance, le mouvement pour passer d’un ego limité (d’un soi séparé) à une conscience élargie est géré par l’intelligence. Toutefois, cela ne survient uniquement lorsque cesse l’effort d’obstruction.

Pour comprendre la notion d’une puissante énergie dormante chez chacun, il faut considérer que ce qui est désigné comme étant l’égo, qui nous donne l’impression d’être un MOI séparé, n’est en réalité qu’un moyen de filtrer et de réprimer une immense vitalité (appelée aussi le feu Kundalini).

Apprendre à LÂCHER-PRISE est un atout, lorsque l’on souhaite s’engager dans une démarche de dépassement de l’illusion du soi séparé.

Les dirigeants et politiciens sont-ils capables de lâcher-prise? C’est-à-dire, entre autres, lâcher leur attachement au pouvoir, à l’égo?

Plate-forme VS processus

Il y en a qui pensent que les philosophes, ça ne sert à rien.

D’autres croient que les philosophes, ça passe son temps à parler de choses incompréhensibles la plupart du temps.

Combient pensent que les philosophes peuvent avoir une quelconque utilisé en ce qui concerne l’open government? C’est surtout fait pour les gens qui s’y connaissent très bien en technologies, le gouvernement ouvert, n’est-ce pas?

Je ramène ici une discussion entamée sur la Facebook de Michel Filippi, que je trouve pertinente, à propos de la plate-forme OpenIDEO et les modèles. La discussion est partie de ce défi de  OpenIDEO: How might we design an accessible election experience for everyone? Conception.

Il n’y a pas encore d’Association internationale des gouvernements ouverts. Il n’y a pas non plus de plate-forme centralisée dédiée aux pays signataires de l’Open Government Partnership. World Bank, Nations Unies, Conseil de l’Europe, etc., n’ont pas encore créé d’espace où les citoyens peuvent co-créer. Edgeryders est une plate-forme expérimentale du Conseil de l’Europe permettant à des citoyens de 47 pays de collaborer, mais celle-ci est basée sur une ‘approche d’ethnographie augmentée’ (plutôt que de poser des défis).

Ce qui fait qu’il pourrait ne pas avoir encore un lieu virtuel gouvernemental dans le monde qui utilise le pouvoir citoyen pour tenter de solutionner des problématiques mondiales (ou un peu plus vastes que locales). La plate-forme OpenIDEO, bien que gérée par une firme de design, s’avère (à ma connaissance), un des seuls projets ouverts ayant intégré la créativité dans son processus. OpenIDEO est souvent cité en exemple.

Donc, voici les commentaires de Michel Filippi. Il apporte ici un point de vue de philosophe. Ses idées pourraient être appliquées à de futures plate-formes et politiques de gouvernement ouvert:

'Une plate-forme, c’est toujours bien. Par contre, dans mon expérience de conception, le processus proposé est largement inefficace. Il consiste à faire le tri dans des connaissances existantes et cela ne permet pas vraiment de concevoir de nouvelles solutions, de nouvelles connaissances, à partir des connaissances des participants.

Lorsqu’on utilise le processus décrit dans OpenIDEO en live, nous assistons à une lutte des croyances de chacun et à des manoeuvres pour imposer l’une ou l’une présente.

J’ai mis sur Facebook un lien pointant vers un site “Observeur du design” et on y voit un sac à main. On aurait pu l’obtenir façon OpenIDEO puisqu’il ressemble à un manchon. Mais en utilisant le processus de conception que je souhaite proposer pour la Grèce, alors nous avons produit beaucoup de connaissances et non pas un sac, mais une gamme et les règles pour obtenir les variétés.

Pour concevoir de la nouveauté, il faut perdre la croyance en l’existence de génies et il faut comprendre comme cela fonctionne avec de construire une méthode. Il convient pour un stratège de savoir jouer dans le temps et de ne pas souhaiter la réalisation immédiate de son projet. La Nature humaine est complexe et les passions sont nombreuses et ne demandent qu’à se satisfaire, les gens sont égoïstes et considèrent leurs problèmes et leurs solutions comme les seules possibles.

J’ai construit une méthode qui fonctionne à un certain niveau. Mon ami Denis en a construit une qui ressemble à la mienne mais a été testée au niveau industriel. Il existe une méthode voisine qui est la modélisation non-standard. Peut-être que d’autres dans le monde sont aussi efficaces et faciles d’usage, mais je n’en connais pas.

Comme d’habitude, les gens confondent l’outil (la plate-forme) et le processus.’